Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Journal d'un quidam

Publicité
Journal d'un quidam
Archives
Journal d'un quidam
  • Le blog sur tout et sur rien. Et pourquoi pas? Avertissement: ce blog ne contient pas de recettes pour devenir plus maigre, moins con, plus riche, moins ridé, plus cultivé... A la fin de la visite, vous serez toujours, plus ou moins... vous
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
1 juin 2009

Le départ

Je pars en quête de moi-même comme d’autres partent à l’amour ou à la guerre : en mettant en balance tout leur être, corps et âme, se destinant à l’absolu. Avec le désir de vaincre, avec la peur de s’y perdre en chemin. En se donnant du courage, en cherchant l’appui des autres, tout en se sachant terriblement seul.

Qui suis-je ? Où vais-je ?
Ce n’est plus vraiment à la mode comme sujet de conversation. Comment savoir alors s’il y a d’autres qui s’interrogent et qui cherchent ? Dans leur âme et conscience, bien sûr, non pas comme sujet de réflexion philosophique.

Je pense qu’il doit y avoir deux catégories de gens : ceux qui se posent ces questions et les autres. Et nous sommes tour à tour dans l’une ou dans l’autre des catégories. Il y a, comme toujours, des extrêmes, mais alors c’est soit pathologique d’être en permanence dans le doute, dans l’instabilité, soit pitoyable de n’en avoir aucun.

Ce qui arrive le plus souvent c’est d’oublier de se poser ces questions-là, à partir d’un certain moment. Au début c’est « normal », car jeunesse est synonyme de choix fondamentaux qui nécessitent un équilibrage assez précis de la mécanique intérieure. Il faut être en accord avec soi-même pour bien choisir ses études, son métier, même sa sexualité, son orientation politique, etc. Si ces opérations sont bien effectuées, on embarque sur un long fleuve tranquille en rangs serrés à côté des collègues, des amis, des amours, de ceux qui font le voyage avec nous. À partir de là, c’est rare de jeter l’ancre et de sortir du lot, pour contempler de l’extérieur le navire et ses passagers, s’assurer que leur destination et la sienne est bien la même, avant de les rejoindre à nouveau, éventuellement.

Car le risque est là, et il est énorme : et si on n’aime pas ou plus ce qu’on voit ? Que faire après ?
Doit-on retourner en silence parmi les autres, avant que l’absence soit remarquée, tout en sachant qu’on n’est plus à sa place ? Garder ses habitudes comme des automatismes implantés dans un mécanisme sans volonté, sans vie ?
Sinon, a-t-on la force de s’y arracher définitivement, de se jeter à l’eau en espérant de trouver une place sur un autre navire ?

Mais encore, sait-on toujours nager ? Les bébés savent flotter de façon innée, car ils ont acquis cette expérience dans le ventre de leur mère. Mais cette légèreté s’évapore à l’apparition des premières contradictions. Je doute, donc j’existe. L’environnement terrestre nous rend conscients de notre lourdeur, et il faut réapprendre à s’immerger dans l’eau ; et puis, fait nouveau, apprendre à nager. Flotter au hasard des vagues ne suffit plus, ça ne satisfait pas l’ambition des parents. Et puis on se fait éclabousser par tous les autres gosses qui nagent en laissant derrière eux des traînées de mousse. Non, il faut nager, et même qu’il faut être le plus rapide, aller le plus loin, être le premier, tel est la règle du jeu. C’est alors qu’on aura le droit à une belle récompense, une belle place pour une croisière sur un bateau à plusieurs niveaux.
C’est très important d’être haut perché dans cette pyramide flottante, pour ne pas prendre l’eau. Et puis, de temps en temps il y a des naufrages. Là, le Titanic nous a appris une belle leçon : pour survivre il faut soit être dans les étages supérieurs pour avoir une place sur les canots de secours, soit avoir une sacrée endurance à la nage (ou énormément de chance, mais c’est exceptionnel et il ne faut pas y compter à priori).

Enfin, ces métaphores maritimes me rappellent que je ne sais toujours pas nager. Voilà une belle résolution : apprendre à survivre dans l’eau (juste au cas où).

C’est bien de s’interroger de temps en temps, pour reprendre contact avec soi-même, mais pas trop souvent, pour arriver à construire quelque chose, pour avancer dans la vie. Les moments de doute n’ont un sens que s’ils sont suivis par l’application des résolutions.
Je dis ça pour me convaincre moi-même et me donner du courage. Aller, demain je vais aller à la piscine, c’est décidé.

Publicité
Publicité
14 mai 2009

Quelques mots sur vous...

"Pour accéder au service, veuillez vous identifier."
Pour s'abonner, acheter, chercher un emploi ou créer un blog, les formulaires d'inscription sont sensiblement les mêmes. Ils abondent de cases à cocher et de listes d'options pré-établies qu'on valide sans trop y réfléchir: sexe, age, situation familiale, domaine d'activité...
Les coordonnées de notre existence sociale sont converties en latitudes et longitudes pour délimiter notre territoire de chasse en tant que client / usager / consommateur / abonné.

Et au milieu de cette carte bien quadrillée, apparaît parfois un trou noir (ou plutôt un carré blanc, en fait): un champ de texte où nous sommes sensés saisir "quelques mots sur nous", ou une "brève description personnelle".

C'est le champ qui échappe à la conversion automatique en chiffres et codes, aux filtres et au calcul des machines. C'est un message qui ne peut être déchiffré que par d'autres êtres humains. Mais comment s'identifier auprès d'eux en 256 caractères max?

Combien de mots faut-il pour résumer une vie, aussi courte ou longue que soit-elle? Et lesquels?
Par où commencer? Et où finir?

Attention, il faut être léger, mais efficace; il faut trouver la bonne quantité de mots et surtout choisir ceux de bonne qualité. Trouver le bon équilibre entre les points forts et les points... que nous sommes en train d'améliorer (il ne faut pas parler de faiblesses, ce n'est pas politiquement correct de s'exposer de cette manière en dehors des cabinets des psychanalystes;  ayons la "positive attitude").

Qui suis-je au fait? Tout et son contraire me viennent à l'esprit en même temps. Devant l'abysse qui s'étale au pied de ce point d'interrogation, je recule prudemment. Pour ne pas me tromper, il vaut mieux procéder par élimination: qui ne suis-je pas? Mais de ce côté également se creuse le vide.

Qui pourrait me donner un indice? Comment font les autres?
Les autres. Voilà une issue de secours: quand on ne trouve pas les réponses à l'intérieur, on se tourne vers les autres et la réalité de notre existence se trouve immédiatement reflétée: nous sommes tous les enfants de quelqu'un, les conjoints de quelqu'un d'autre, ou bien amants, amis, collègues, mais encore habitants estampillés d'un certain code postal, croyants ou pas, bref, membres d'une certaine tribu quelconque ou de plusieurs.
Dans le portrait qui se dessine je me reconnais en partie, mais je ne suis pas la seule à pouvoir s'y identifier. Je suis comme bien d'autres de ces points de vue, et tant que je n'arriverai pas à trouver à l'intérieur de moi-même ce qui me rend unique, je porterai mille noms dont aucun n’est vraiment le mien.

Je suis un quidam. Et ceci est ma quête.

Publicité
Publicité
Publicité